L’oiseau
de pluie, perché sur le grand tamarinier, très heureux chantait de
joyeux « pluipluiplui »!
Kunti le
regarda longuement…
Il réfléchissait…
Puis il alla trouver sa grand-mère.
– Grand-mère, dit-il, si nous avions un
oiseau de pluie à nous, crois-tu que nos champs
seraient arrosés quand nous le voudrions?
La grand-mère hocha la tête et répondit sans hésiter:
– Bien sûr ! car l’oiseau ne chanterait que pour nous. Les
récoltes seraient abondantes, il n’y
aurait jamais de famine.
Mais Kunti voulait en savoir davantage et il alla trouver son Père.
– Père, dit-il, si nous avions un oiseau de pluie dans notre
maison, crois-tu que nos champs seraient
arrosés quand nous le voudrions?
Le père réfléchit quelques
instants, puis répondit:
– Non, je ne le pense pas. Les vieux du village racontent
beaucoup de légendes… Faut-il croire tout
ce qu’ils disent?
Mais Kunti voulait en savoir
davantage.
Il alla trouver le Grand-Sage:
– Grand-Sage, si nous avions un oiseau de pluie dans le
village, crois-tu que les champs seraient mieux arrosés?
– Oui, sans doute, car cet oiseau sait quand la pluie va
tomber… Il sait aussi quand elle doit s’arrêter
L’eau ferait pousser les plantes, la rivière ne serait jamais à sec, il
n’y aurait plus d’épidémies…
Mais qui peut posséder un oiseau de pluie?
Kunti en savait suffisamment cette
fois.
«
C’est bon, se dit-il, j’irai chercher un oiseau de pluie ! »
Et le lendemain, dès l’aube, il se mit en route dans la brousse.
Il marchait depuis quelques instants seulement lorsqu’il entendit une
voix moqueuse l’interpeller
– Où vas-tu, Kunti ? Où vas-tu, Kunti?
Levant la
tête,
Kunti aperçut un perroquet à travers les branches d’un grand arbre.
– Je vais à la recherche d’un oiseau de pluie.
– Je n’aime guère cet oiseau qui se mêle toujours de chasser
le soleil. Alors si tu veux, je peux
t’aider, je peux t’aider ! Je sais très bien imiter son cri. Ecoute :
« Pluipluiplui » !
– En route donc!
Et Kunti poursuivit son chemin en compagnie du perroquet.
Quelques instants plus tard, ils rencontrèrent un singe.
– Bonjour,
Kunti ; bonjour,
Perroquet ! Où allez-vous ainsi dans la brousse?
– Nous cherchons, nous cherchons… euh… Un oiseau de
pluie, dit Kunti.
– Vraiment ? Alors, je vais avec vous, je peux vous être
utile : je sais fabriquer les pièges qui
attrapent les oiseaux de pluie.
– Tu ne les aimes pas?
– Oh ! ni plus ni moins que les autres ! Mais s’il y a un bon
tour à jouer, je suis toujours content.
Au bout de quelques heures, ils arrivèrent au pied d’un baobab.
– Arrêtons-nous ici, dit le singe.
Il fabriqua un piège et le perroquet, caché dans les branches de
l’arbre, se mit à chanter
de gais « pluipluiplui ».
Il fallait attendre qu’un oiseau de pluie se décidât à venir. Kunti
s’assoupit.
Il fut
réveillé
en sursaut par le perroquet qui piaillait:
– Ça y est, il est pris, il est pris...
L’enfant trouva dans le piège l’oiseau qui se débattait.
Il le mit dans son sac, et reprit le chemin du village.
Lorsqu’il fut arrivé, il remercia le perroquet et le singe et prit
congé d’eux.
Il
construisit une belle cage
à l’oiseau.
Il l’y enferma, et tout le village vint l’admirer et lui demander
d’appeler la pluie. Mais l’oiseau, triste, se
contentait de pousser de temps à autre un petit cri plaintif.
Des jours et des nuits passèrent, l’oiseau ne chantait pas. Les gens du
village ne venaient plus voir l’oiseau.
Kunti attendait, Kunti espérait toujours.
Les semaines passèrent. Les champs du village et ceux d’alentour se
desséchèrent au point
que la terre se fendit et se craquela.
L’oiseau ne chantait toujours pas. Plus personne ne venait voir Kunti
et son oiseau.
Alors Kunti se rendit chez le Grand-Sage.
Le Grand-Sage attendait Kunti ; il le fit entrer dans sa hutte et
refermat la porte derrière Kunti l’enfermant
ainsi dans la hutte.
L’après
midi passa
et avant la tombée de la nuit, le Grand-Sage délivra l’enfant et lui
demanda:
– Pourquoi es-tu triste et en larmes, Kunti?
– Parce que j’avais peur là-dedans.
– Pourquoi as-tu pleuré au lieu de chanter, Kunti?
– A-t-on envie de chanter quand on est enfermé? Demanda le
Grand-Sage.
– C’est bon, Kunti. Maintenant, rentre chez toi et occupe-toi de ton
oiseau.
Kunti
venait d’apprendre une leçon.
Il rentra chez lui, prit la cage qui était dans sa hutte, la sortie
dehors, ouvrit la porte et sortit délicatement
l’oiseau en murmurant:
– Oiseau, mon cher oiseau, va… va… tu es libre maintenant.
L’oiseau tourna la tête, regarda
l’enfant, secoua deux ou trois fois ses ailes, puis s’élança
avec de joyeux « pluipluiplui », d’un vol si rapide qu’il ne fut bientôt
plus qu’un petit point bleu,
là-haut, très haut dans le ciel.
Et sur le
village de Kunti
une pluie chaude et bienfaisante se mit à tomber.
Kunti, l’oiseau de pluie et tous les habitants du village étaient
maintenant tous très heureux.